Il n'aura fallu qu'une nuit de pluie pour que le Liban se retrouve paralysé par les eaux, la semaine dernière, ses principales voies de circulation transformées en véritable chaos d’embouteillages monstres, bloquant des pans entiers de routes.
Embouteillages, accidents de route, frais de transport, stationnement en double file, pollution, dépassements de vitesse, feux rouges grillés, couloirs de bus empruntés, tels sont quelques-uns des problèmes urbains qui existent dans ce pays où il fait bon de circuler la nuit, où le parc automobile, marqueur très significatif et très précis, des voitures de luxe et de 4*4, disparaît en un clin d’œil.
Ce jeune conducteur accroc de voitures et de vitesse, et qui par défaut d’application des lois, conduit sans avoir un permis et malheureusement à grande vitesse ?
Ce conducteur qui se permet de faire de la vitesse, sans aucune maîtrise de la conduite, ne respectant aucun code de la route, voire le plus banale celui de s’arrêter aux feux rouges, existants, mais timides dans notre pays ? Cet autre conducteur, qui si un piéton s’apprête à traverser la rue, devrait évidemment s’arrêter par règles de la courtoisie, mais ne le fait pas sous prétexte d’être en retard.
Ce conducteur qui ne garde que les mauvaises habitudes de ses parents, « victimes de la guerre », qui ne l’ont jamais éduqué, à sa propre sécurité et ceux qui l’accompagnent dans la voiture ? Tout en oubliant que la guerre est terminée, et qu’il faut arrêter de se permettre d’être « illettrés » en rejetant la faute au passé, cependant, le fait de responsabiliser les libanais pour qu'ils arrêtent de se comporter en moutons irresponsables, serait plus intelligent.
Qui en est responsable ? L’État? Les responsables de la circulation, polices gendarmes et ce qui suit, c'est vrai que le citoyen reste le grand responsable, mais ce citoyen a été toujours éduqué de manière à ne pas respecter ce code, un exemple très simple que vous pouvez voir tous les jours, c'est le policier sur sa moto sans casque qui vient d'arrêter un citoyen conduisant une moto, sous motif que ce dernier ne porte pas de casque, un autre scénario qu’on voit souvent c'est au feu rouge, les automobilistes entrain d'attendre le feu vert quand vient de derrière une voiture "civile" conduite par un policier avec son uniforme qui donne un grand klaxon à son collègue qui surveille les feux, brûle le feu rouge et part, plusieurs scénarios pareils se répètent chaque jour, chaque heure et chaque minute, comment vous voulez que des citoyens libanais, n'essaient pas de faire de même ou plus quand le policier ou le gendarme n'est pas là?
Cet État qui permet aux ingénieurs ingénieux qui pour quelques pots-de-vin, détournent les virages sur les routes pour subvenir aux besoins des propriétaires des
terrains ? Encore mieux, qui commencent des travaux sans jamais les terminer, ne respectant nullement les délais prévus, mettant des poteaux au beau milieu des routes ?
Cet État, qui a donné l’ordre, depuis l’année 1995 de couper la voie ferrée en raison de travaux routiers, laissant muet le sifflement du train, symbole de résurrection et de développement de toute nation ? Couper ? Non seulement, il n'y a pratiquement plus aucune infrastructure de transport en commun au Liban. L’âme du chemin de fer souffre, et les dépôts des locomotives sont laissés à l’abandon. Le transport par rail offre des avantages incontestables, sur l’environnement en réduisant la pollution mais également le transport par rail permet une grande capacité de transport pour un encombrement faible, un atout particulièrement avantageux dans les zones fortement urbanisées, comme le Liban, sans négliger le fait que l’infrastructure ferroviaire est plus respectueuse des paysages que les autoroutes…Même un petit gamin de 7 ans serait d’accord là dessus.
Tout de même, ce n’est pas par hasard que les statistiques des accidentés de voitures sur les routes libanaises s’accroit d’années en années, pour passer de 5883 cas en 2002, jusqu'à 10649 cas en 2009, selon la croix rouge libanaise, sans mentionner, le nombre d’accidents non enregistrés dont le caractère s’avère « non grave ».
Dans ce contexte, Il ne s’agit plus, uniquement d’un sous développement des moyens de transports, mais d’une recrudescence de barbarie, de manque d’étiques, et de civilisation.
Ce citoyen libanais qui a résisté aux guerres, devrait refuser de mourir banalement, prendre ses responsabilités, vis-à-vis de ses enfants, et commencer par une éducation routière saine. Ce n’est pas, par crainte de payer une amende qu’un être ne devrait s’interdire de passer en sens inverse, qu’il ne devrait pas mettre son casque, ou ne pas consommer de l’alcool avant de prendre le volant, ce n’est pas par peur d’être retenu, qu’il faudrait qu’il incite son enfant à rester à l’arrière, dans son siège, bien attaché dans sa ceinture...de sécurité justement.
Ce même libanais, devient citoyen modèle, dans un pays étranger, où les lois s’appliquent, où le gouvernement s’offre garant de compléter les dispositifs de sécurité, en installant la séparation entre les voies sur les routes principales, où l’éclairage routier n’est pas une coïncidence, où s’appuie la volonté du gouvernement de vouloir miser sur un développement accru des services de transport en commun pour désengorger les principales artères du réseau routier et réduire les émissions de gaz à effet de serre, et où les patrouilles de police ayant suivis une formation claire, adéquate, et loin de toute tension politique, ne sont pas l’ une des causes éternels de l’embouteillage, mais tentent plutôt d’appliquer les sanctions sévères, pour la répression du trafic, avec discernement car force est de constater qu'il n'y a que cela qui fonctionne dans ce pays ou l'irresponsabilité, le narcissisme et l'égocentrisme règnent en maître.
Lutecia Beainy Bouchabke